La Paix, ça s'apprend
Guérir de la violence et du terrorisme
Après avoir été avocat, Thomas d’Ansembourg est aujourd’hui psychothérapeute, spécialiste de la communication violente, David van Reybrouck est historien, dramaturge et écrivain. Tous 2 sont belges, mais de langues différentes : française pour Thomas, néerlandaise pour David.
La tragédie du Bataclan, suivie de celle de Bruxelles, leur a donné envie d’apporter une contribution pour aller vers un monde plus apaisé « Il était clair que nous ne pouvions rester passivement à attendre le prochain attentat en nous contentant d’écouter les mesures d’enquête et de sécurité égrenées en boucle sur les ondes. Il nous fallait contribuer à changer les choses avec nos maigres moyens d’auteurs, c’est-à-dire en partageant notre expérience et notre réflexion.”
Leur point de départ pour guérir en profondeur les terribles violences qui déchirent nos sociétés : apprendre la paix. Et commencer par le commencement, c’est-à-dire apprendre à être en paix avec soi-même. Comme on apprend les maths, comme on s’entraine pour le sport, comme nous lavons régulièrement notre corps pour éviter les infections, nous avons également besoin de pratiquer régulièrement des exercices psychiques - comme la Pleine Conscience, la Communication Non Violente , la méditation – pour nous aider à maintenir une bonne santé mentale.
Cela peut paraitre une vision de « bisounours » de croire qu’une action d’apaisement individuel peut changer les choses …. Aujourd’hui nous disent les auteurs , le « bisounours » , c’est plutôt celui qui croit qu’en faisant toujours plus de la même chose peut obtenir quelque chose de nouveau, en renforçant exclusivement la sécurité et les contrôles on va enrayer le terrorisme, en faisant patrouiller les soldats en ville on va conjurer les angoisses existentielles des citoyens, qu’en prescrivant des pilules on peut pallier la perte de sens, qu’en prodiguant du pain–et encore pas pour tout le monde–et des jeux on va distraire la population de sa détresse, en offrant des écrans aux enfants on va compenser le fait que l’on ne sait plus comment s’enchanter d’être ensemble ni jouer dehors, en entretenant des scolarités de compétition–qui maintient une partie des élèves dans la désolation–on va obtenir autre chose qu’un monde de compétition et de désolation
Et ils nous donnent de nombreux exemples tirés de leur pratique professionnelle, mais aussi d’études scientifiques très probantes, montrant que la pratique régulière d’une « hygiène mentale » donne des résultats spectaculaires pour permettre aux individus et aux groupes d’individus d’être en paix. A Londres, ce sont même les parlementaires qui se forment à la Pleine Conscience
Il est donc impératif dans l’intérêt public d’investir massivement dans une vraie hygiène de conscience. Car il n’y a pas de possibilité de co-créer une paix durable extérieure sans que chacun cultive sa paix intérieure
Un petit livre à lire absolument au moment où monte le discours sécuritaire.