L'ETAT A TOUJOURS SOUTENU SES TERRITOIRES
Laurent Davezies, Editions Seuil – La république des idées , 2021
En 2012, dans « La crise qui vient : la nouvelle fracture territoriale », Laurent Davezies avait déjà analysé les transferts de revenus entre régions (transferts sociaux /dépenses publiques) en montrant le rôle d’amortisseur des inégalités de revenu que cela représentait. Toutefois il s’inquiétait de l’impact de la croissance importante de la dette publique, qui en réduisant la dépense publique et les transferts sociaux, risquait d’impacter le mécanisme de solidarité territoriale.
Près de 10 ans après, le message est plus serein : « Deux grandes évolutions économiques sont aujourd’hui à l’œuvre sur nos territoires : l’une concerne la géographie de la production et l’autre celle du revenu. La première inquiète, la seconde rassure ».
Malgré « l’échappée des métropoles » qui concentrent de plus en plus le système productif (et donc le PIB), les mécanismes de redistribution fonctionnement bien puisque les inégalités entre régions de Revenu Disponible Brut ( RDB) n’ont cessé de se réduire. Ainsi la région Ile de France est passée de 27% à 31 % du PIB français entre 1980 et 2015 , quand ses habitants ne reçoivent plus que 22% du RDB en 2015, alors qu’ils en recevaient 25% en 1980.
Les raisons de ce transfert entre les zones de fort PIB et les autres sont diverses : retraités qui quittent la zone où ils travaillaient, actifs de plus en plus nombreux qui s’installent « à la campagne » et font la navette, tourisme … mais aussi le fait que le poids de dépenses publiques a augmenté dans le PIB (de 40% en 1975 à 57 % aujourd’hui) . Et la répartition des dépenses publiques est globalement homogène sur le territoire, ce qui fait dire à Laurent Davezies « Ce n’est pas l’Etat qui abandonne les territoires : ce sont les entreprises et les gens ».
Finalement on découvre que la formation du revenu des ménages dépend aujourd’hui « plus de la circulation publique et privée des revenus que de la création de richesse dans leurs territoires » et que le rural profond ne se porte pas si mal.
Un petit livre de 100 pages très documenté et facile à lire. Utile dans une période électorale où fleurissent des affirmations qui ne reposent pas toujours sur les faits.